Marion Clément, notre Directrice marketing, a participé à un colloque organisé par l’association HOP – Halte à l’Obsolescence Programmée, le 9 février 2024 à l’Assemblée Nationale.
L’occasion de présenter le nouveau Guide « Eco-concevoir des produits durables et réparables » et de faire un point sur les freins et les avancées de la durabilité et de la réparabilité en France.
SDS a participé récemment au colloque « Les innovations du droit à la durabilité » à l’Assemblée Nationale. Quel était son objectif ?
Marion Clément : Le colloque était organisé par l’association HOP // Halte à l’Obsolescence Programmée, avec qui nous collaborons depuis longtemps. Il visait à réunir des acteurs de divers horizons pour échanger et sensibiliser aux enjeux de durabilité et de réparabilité dans notre société. Nous avons eu la chance d’y voir tous les acteurs de la durabilité : représentants d’entreprises de l’économie circulaire comme ENVIE, membres d’organisations publiques et associatives, éco-organismes… et plusieurs parlementaires qui ont été au rendez-vous. Même notre Ministre de la Transition Ecologique devait être présent ; le remaniement ministériel de la veille a eu raison de son agenda. Cela témoigne de l’importance croissante de ces sujets !
Vous avez présenté lors d’une conférence avec Florent Curel, Responsable du Club de la Durabilité, le guide « Eco-concevoir des produits durables et réparables ». Pourriez-vous nous en dire plus sur ce guide ?
MC : Il s’agit du fruit d’une collaboration entre plusieurs adhérents du Club de la Durabilité, un « think tank » dont nous faisons partie. L’objectif principal de ce guide est de formaliser les défis actuels rencontrés dans le domaine de l’écoconception, tout en proposant des conseils et bonnes pratiques à destination des entreprises et du gouvernement. Le but final : favoriser le développement de produits durables et réparables. Y sont abordées notamment les contraintes de production et d’approvisionnement, ainsi que les défis liés aux coûts de l’écoconception et de la réparabilité.
Justement, parlons de ces freins que vous évoquez. Quels sont, selon vous, les principaux obstacles à l’écoconception et à la réparabilité des produits ?
MC : Nous identifions deux freins majeurs. Le premier concerne les contraintes de production et d’approvisionnement. Actuellement, nos chaînes de valeur sont souvent basées sur la consommation de masse et la recherche de coûts de production toujours plus bas. Cela conduit souvent à des produits difficilement réparables, car ils sont conçus pour être assemblés rapidement et à moindre coût, sans nécessairement prendre en compte leur durabilité ou leur réparabilité.
Le deuxième frein est le coût associé à l’écoconception et à la réparabilité. Il y a un sentiment parmi de nombreux acteurs qu’investir dans ces domaines revient à repartir de zéro, ce qui peut être décourageant. De plus, les coûts de formation, de recherche et développement, ainsi que les coûts liés à la disponibilité des pièces détachées pour la réparation, peuvent dissuader certaines entreprises.
Vous avez cependant relevé des bonnes pratiques et des mesures prometteuses mises en place dans différents secteurs d’activité. Pourriez-vous nous donner quelques exemples de ces initiatives ?
MC : Nous observons en effet des avancées encourageantes ! Par exemple, la simplification de certaines fabrications pour rendre les appareils plus réparables au niveau des composants. Autre exemple, l’utilisation de cartes électroniques interopérables qui permettent certes de réparer plus facilement mais aussi de réduire les coûts de fabrication, et donc la rentabilité, des producteurs de DEEE. Ou encore la formation des ingénieurs à l’écoconception, et la création de nouvelles filières de formation de réparateurs pour prolonger la durée de vie des appareils. Certaines mesures gouvernementales, comme l’introduction des indices de réparabilité et de durabilité, constituent également des pas significatifs vers des modèles de consommation plus durables. Le fonds réparation, une belle avancée pour inciter les particuliers à faire réparer, a enfin fait l’objet de nouvelles mesures pour le rendre plus attractif tant pour les réparateurs que pour les consommateurs. Mais sur ce fonds et la labellisation Qualirepar il y a encore du travail, notamment en communication pour que les choses bougent structurellement.
Quelles sont les actions menées par SDS à son niveau pour y contribuer ?
MC : De notre côté, nous travaillons sans relâche pour pouvoir fournir le plus possible de pièces détachées. Nous enrichissons chaque jour notre base de données pièces et appareils (plus de 100 millions de cas d’emploi). Nos équipes identifient et stockent les pièces importantes, qui évoluent en permanence au fil des lancements de gammes d’appareils par les marques. Notre objectif est de permettre aux réparateurs de trouver facilement la bonne pièce et de les livrer au plus vite. Notre marketplace SDS Market, lancée il y a maintenant 2 ans, est d’ailleurs un service complémentaire majeur pour nos clients réparateurs. Elle permet en effet de pallier l’indisponibilité de certaines pièces via le levier de l’économie circulaire, grâce à nos clients réparateurs ou de grands organismes comme Envie. Ils y remettent en circulation des pièces qu’on ne trouve plus chez les marques ou qui sont trop rarement demandées pour des réparations : pièces non utilisées, retrouvées dans des stocks ou issues d’appareils d’occasion.
Quels seraient, selon vous, les rôles et défis des décideurs publics pour favoriser davantage l’écoconception et la réparabilité des produits ?
MC : Les décideurs publics ont un rôle crucial à jouer dans ce domaine. Ils peuvent sensibiliser les consommateurs en rendant obligatoire la transparence sur les produits mis sur le marché, en poursuivant l’élargissement des indices de réparabilité et de durabilité à d’autres appareils. De plus, ils peuvent encourager les entreprises à adopter des pratiques plus durables en mettant en place des incitations fiscales ou des réglementations contraignantes, comme l’obligation de diffuser gratuitement sans restriction l’ensemble des documents liés aux appareils (vues éclatées, listes des pièces détachées, codes pannes, tutoriels de réparation, etc.). Enfin, ils peuvent soutenir la recherche et le développement dans ce domaine, la sensibilisation des jeunes dès l’école ou encore la formation des acteurs de l’industrie…